Élections à la chambre d’agriculture, collège des salarié-e-s : des candidat-e-s aux profils troublants.

En ces temps de campagne pour les élections à la Chambre d’Agriculture, notre syndicat d’ouvrier-e-s agricoles du Jura soulève plusieurs questions liées au profil des candidat-e-s présenté-e-s pour le collège salarié-e-s et pourtant très proches de syndicats patronaux agricoles.

Nous, membres du syndicat Sud Agriculture Jura, fondé à l’été 2024, souhaitons signaler certaines pratiques ambiguës dans le cadre des élections à la chambre d’agriculture.
En effet, nous avons été étonné-e-s de constater, que certain-e-s de nos membres ont été contacté- e-s en fin d’année 2024 par un exploitant agricole affilié FNSEA dont le but était d’ “aider” certaines organisations syndicales à remplir leurs listes pour les élections au collège salarié-e-s de la chambre d’agriculture du Jura, avec au choix des positions éligibles ou non. Quelle valeur un mandat institutionnel peut-il avoir quand la personne n’a jamais adhéré au syndicat qu’elle est censée représenter ? Et comment se fait-il que des syndicats de salarié-e-s fassent appel à des exploitants afin de recruter des profils pour leurs listes ?

Aussi, en tant que salarié-e-s agricoles et n’ayant jamais rencontré physiquement de représentant-e-s des salarié-e-s agricoles, ni même jamais entendu parler d’eux durant ces dernières années, nous avons décidé de prendre connaissance des différentes listes déposées en vue du scrutin ouvert du 15 au 31 janvier afin de nous informer sur celles et ceux qui aspirent à nous représenter et accessoirement à défendre nos droits.

C’est ainsi que nous avons découvert avec surprise que sur la liste de la CFE-CGC figure une ouvrière agricole qui exerce au sein de la ferme de son mari et qui affiche une forte proximité avec le syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA), syndicat patronal, en relayant sur les réseaux sociaux les évènements de ces derniers mais aussi des annonces où elle déclare rechercher un apprenti.

De plus, nous avons appris qu’une personne présente sur la liste de la FGA CFDT, dans son cas, salariée agricole sur l’exploitation familiale, est en même temps, et étrangement, présidente des JA du canton de Salins-les-Bains ; ce sont eux qui la présentent fièrement dans leurs publications sur divers réseaux sociaux.

C’est pourquoi, même si nous n’avons aucune visée électoraliste, il nous paraît important de dénoncer une certaine collusion entre syndicats d’exploitant-e-s et de pseudo-syndicats de salarié-e-s et de poser ces questions :

Pour quelles raisons des syndicats de salarié-e-s acceptent-ils de tels profils alors qu’il serait préférable de construire de véritables sections portées par des ouvriers et ouvrières agricoles ?

Et surtout dans quelle mesure ces profils troublants seront-ils en mesure de défendre la position des salarié-e-s agricoles vis-à-vis du patronat dont ils semblent bien trop proches et avec lequel on pourrait les confondre ?

Les faits décrits ci-dessus renforcent l’idée à l’origine de la fondation de Sud Agri Jura (rattaché à la fédération Solidaires) : un syndicat vivant, constitué de salariés agricoles et qui existe d’abord par la défense des droits individuels et la lutte pour des avancées collectives. Sans cette base, on aboutit à une « représentation » institutionnelle bien peu représentative…