« Les invisibles des temps modernes » : la FNAF-CGT 34 en campagne pour les ouvriers-ères agricoles

« Les invisibles des temps modernes » : la FNAF-CGT 34 en campagne pour les ouvriers-ères agricoles

Le PoingPublié le 31 janvier 2025 à 08:46

En pleines élections aux Chambres d’Agriculture, la Fédération Nationale Agroalimentaire et Forestière (FNAF) de la CGT a lancé une campagne agressive pour les droits des « invisibles des temps modernes ». Le Poing a rencontré quelques une de ces acteurs-trices.

C’est dans les locaux montpelliérains de la CGT, dans la Maison des Syndicats d’Antigone, que nous rencontrons quatre syndicalistes de la Fédération Nationale Agroalimentaire et Forestière (FNAF) de la CGT, alors que la campagne pour les élections aux Chambres d’Agriculture bât son plein.

Olivier Lazzerini est jardinier paysagiste dans la région de Pézenas. Christophe Paysan est quant à lui ouvrier viticole à Faugères, tandis que son camarade Daniel Devic travaille en cave viticole à Magalas. Tous trois sont embauchés en CDI, et surtout sur la liste héraultaise de la FNAF-CGT. Ils sont accompagnés d’Anne Garreta, cadre syndicale de la fédération qui multiplie les rendez-vous de campagne.

Seul Le Poing a fait le déplacement pour la conférence de presse. « Quand on voit la machine de guerre médiatique que le grand patronat agricole a pour lui… », soupire Anne. La Fédération Nationale des Exploitant-es Agricoles (FNSEA), énorme appareil plein de contradictions, et premier syndicat d’agriculteurs-trices du pays, aux orientations libérales et traditionnellement proche du pouvoir, a en effet une influence majeure sur toute une presse agricole.

« J’en ai ramassé à la petite cuillère »

L’équipe de syndicalistes pointe du doigt des conditions de travail dégradées. « Tous les jours les conditions de travail des salarié.es du secteur s’aggravent », avance Anne.

« Les non-cadres n’ont pas ou presque pas de prime d’ancienneté », ajoute Daniel. « Il n’y a aucune reconnaissance des qualifications, les salarié.es décollent à peine du SMIC, et certain-es ouvriers-ères permanent-es restent au SMIC toute leur vie. » Selon le dossier “Estimations d’emploi agricole” publié en juillet 2023 par l’Agreste, en 2021, le salaire brut horaire moyen d’un-e saisonnier-ère agricole déclaré-e était de 12,03 euros de l’heure, de 13,55 pour les ouvrier-ères agricoles permanent-es, contre 21,5 pour l’ensemble des salarié-es du privé et 10,25 pour le SMIC.

« Souvent pour la taille des vignes les saisonniers-ères doivent acheter eux-même leurs sécateurs électriques, ce qui coûte autour de 1000 euros. », s’agace Christophe.

« Les employeurs-euses ne fournissent pas de matériel de protection, et la MSA [NDLR : Sécurité Sociale agricole, moins avantageuse que le régime général, pour les salarié-es comme pour les exploitant-es] ne veut rien entendre pour ce qui est de le prendre en charge », constate Daniel. « Les patron-nes ne font pas passer les stages pourtant obligatoires pour la sécurité quand on doit utiliser des traitements chimiques. » « Alors qu’en quelques années on est revenu-es 20 ou 30 ans en arrière au niveau de la législation sur l’usage des pesticides. », déplore Anne. « La semaine dernière encore j’ai rencontré un jeune salarié en maraîchage, à trente ans il crache déjà du sang. » Un rapport de l’Inserm publié en 2021 met en valeur une présomption forte de liens entre l’exposition régulière aux pesticides et six pathologies : lymphome non hodgkiniens, myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique. « C’est aussi pour ça qu’on aimerais tendre à une retraite à 55 ans avec le syndicat », rappelle Christophe. « Parce que pesticides ou pas à 50 ans les ouvriers-ères agricoles sont déjà cramé-es par le travail. »

« Avec les contrats Tesa (titre emploi service agricole), on aboutit à de l’emploi saisonnier précaire permanent, y compris dans des exploitations où il y a du travail toute l’année. », observe Anne. Le Tesa est un contrat qui inclut des allègements de cotisations sociales pour l’employeur, et surtout qui n’inclut aucune date de fin. Dans la pratique, c’est comme un CDD classique, renouvelé au jour le jour. Initialement mis en place pour assouplir les règles pour coller au mieux aux pics de travaux saisonniers tout en soulageant les petit.es exploitant.es du poids financier que peut représenter une embauche, le contrat Tesa est très largement détourné de ses fonctions, et utlisé pour précariser la main d’œuvre. En 2015, dans le secteur agricole, les transitions vers le CDI ne concernaient que 1,5 % des CDD saisonniers et 6,2 % des CDD classiques.

« Un décret est passé il y a quelques années, qui entraîne une disparition des normes sur les heures de travail. », se souvient Daniel. « Ce qui permet aujourd’hui aux employeurs-euses de faire faire aux salarié.es des suppléments d’heures sur une semaine, pour les rattraper après, et du coup elles ne sont pas forcément majorées. »

L’égalité entre les hommes et les femmes est aussi un objectif pour la FNAF. « Souvent les femmes font un travail de qualité mais qui n’est pas mis en avant parce que moins quantitatif. », tient à dire Christophe. « De moindres qualifications chez les ouvrières agricoles, et plus de temps partiels imposés, justifient des salaires plus bas en moyenne que pour les hommes. », ajoute Anne. « En plus elles se retrouvent parfois à faire un travail qui n’est pas le leur, comme garder les enfants du patron. »

La réforme de l’assurance chômage a fortement impacté-es les travailleurs-euses saisonniers-ères. Dans un rapport publié le 13 janvier 2025, l’Unedic souligne que l’écart se creuse d’année en année depuis la réforme de 2021 entre le montant journalier des allocations ouvertes avec des contrats saisonniers (principalement en hébergement-restauration et en agriculture) et celui des allocations ouvertes avec d’autres types de contrats.

Selon la Dares le secteur « agriculture, pêche, sylviculture » était en 2019 celui où on constatait la plus haute fréquence d’accidents.du travail graves (avec incapacité partielle permanente) par heure rémunérée, et le second secteur avec les même critères pour les accidents du travail mortels, derrière la construction.

« En cas de maladie ou d’accident du travail, les délais de traitement par la MSA sont très longs et décourageants. », constate Daniel. Anne a travaillé à la MSA. « J’ai ramassé plus d’un-e ouvriers-ères à la petite cuillère. », se rappelle la syndicaliste.

« Avant 2021 on avait seulement des conventions collectives départementales. », nous explique-t-elle. « Depuis 2021 on a des conventions nationales, qui grâce à la CGT intègrent les avantages des conventions départementales : les conventions nationales ne peuvent pas représenter un recul social par rapport aux différentes réalités locales. »

La FNAF revendique, en plus d’une retraite à 55 ans et de l’égalité homme-femme, une augmentation du SMIC à 2400 euros bruts et du salaire minimum professionnel à 2610 euros bruts, des primes d’ancienneté et un treizième mois, une généralisation du CDI, le respect du temps de travail à 35h/semaine et une réduction à 32h sans perte de salaire, la majoration des heures supplémentaires, des transports et des logements décents, et de nouveaux droits syndicaux.

Traite d’êtres humains

Le 14 janvier, une opération des différents services de l’État intitulée « Hiver audois » et coordonnée par le Comité départemental de lutte anti-fraude a eu lieu dans le vignoble du département voisin. Elle s’est soldée par deux interpellations de dirigeants d’entreprise, des prestataires de service chargés d’employer de la main d’œuvre à la place de vignerons, accusés de recours à du travail dissimulé.

Ce cas n’est pas isolé. Le 17 décembre 2024, trois employeurs du vignoble bordelais étaient condamnés à des peines allant d’un à trois ans de prison pour « traite d’êtres humains. » Des travailleurs-euses immigré-es marocain-es avaient versé entre 8.000 et 10.000 euros aux prévenus en trois ans pour venir travailler dans le vignoble. Les prévenus leur avait promis en contrepartie un contrat de travail payé au Smic, un logement et un titre de séjour. Au final, les contrats de travail n’étaient pas délivrés, les semaines pouvaient atteindre 62 heures sans compensation, et aucun titre de séjour régulier n’était fourni, l’Inspection du Travail qualifiant leurs conditions de logement de « contraire à la dignité humaine. »

Le 12 juin, c’est la société d’intérim espagnole Terra Fecondis dont la Cour d’Appel d’Aix en Provence confirmait la condamnation, pour une affaire de fraude au travail détaché liée à l’emploi de milliers d’ouvriers-ères agricoles étrangers-ères dans des exploitations dans le sud de la France : « la plus importante affaire de fraude sociale dans l’histoire judiciaire française ».

Résultat : 500.000 euros d’amende, soit le maximum encouru, et plus de 80 millions d’euros de dommages et intérêts à l’organisme collectant les contributions sociales en France, l’Urssaf. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a calculé que les cotisations et contributions sociales non-réglées par Terra Fecundis en France oscillaient entre 17 et 22 millions d’euros par an. Terra Fecundis payait les cotisations sociales en Espagne, où elles sont inférieures. Les frères Juan Lopez, Francisco Lopez Pacheco et leur associé Celedenio Perea Coll, fondateurs de Terra Fecondis, ont également été condamnés à quatre ans de prison avec sursis, une amende de 100.000 euros, à une interdiction définitive de gérer et d’exercer l’activité de travail temporaire, et à des confiscations de biens immobiliers et de sommes saisies sur des comptes bancaires. Au cours de cette série de procès pour lesquels la FNAF-CGT se portait partie civile, aux côtés de la FGA-CFDT et de la Confédération paysanne, ont été révélées des conditions de travail peu reluisantes, avec semaines de 70 heures et habitat indigne.

Dans le village de Malemort-du-Comtat dans le Vaucluse, c’est une quinzaine d’ouvriers-ères agricoles marocain-es qui se retrouvaient fin 2023 coincé-es plusieurs mois dans une maison dégradée, attendant leurs salaires après des journées à plus de 10h de travail agricole, des bénévoles du Secours catholique et des Restos du cœur des environs s’occupant de certains repas ou de les accompagner pour les soins médicaux.

Un syndicat qui a quelques bastions, malgré une syndicalisation difficile

Christophe Paysan le reconnaît : « La syndicalisation est compliquée pour les ouvriers-ères agricoles, à cause notamment des contrats précaires, ou du fait que beaucoup travaillent dans des exploitations familiales où les salarié-es sont isolé-es. » « Il y a la crainte de la répression patronale qui est très forte. », ajoute Daniel. Anne a elle-même vécu sept ans de discriminations syndicales en étant la seule encartée CGT de l’Association Départementale paritaire pour l’Emploi et la Formation en Agriculture (Adefa) sur Béziers.

Ce qui n’empêche pas non plus le syndicat d’avoir quelques bastions. Le vignoble Listel, crée en 1883 par la Société des Salins du Midi, et qui embauche aussi dans l’Hérault, a 150 salarié.es dans le Gard. La moitié sont au syndicat.

Début décembre 2022, la FNAF organise avec 200 de ses militant.es une initiative à l’Assemblée Nationale, nommée « Ouvriers-ères agricoles, les invisibles des temps modernes », pendant laquelle de nombreux témoignages sur les conditions de travail et les luttes des salarié-es du secteur sont lus. Chaque année maintenant la FNAF manifeste à l’intérieur du Salon de l’Agriculture. Pendant la saison de vendanges 2023, marquée par de fortes canicules, au moins six ouvriers.ères perdront la vie, pour la plupart en Champagne. D’importantes manifestations de travailleurs-euses ont suivi, dans cette région où la FNAF est bien implantée, sur les vignobles les plus vastes et les plus riches de France. « On essaie aussi d’impulser quand c’est possible des mobilisations intersyndicales unitaires. », explique Anne.

Un syndicat de gardien-nes de troupeau dans le Gard et l’Hérault

Les gardien-nes de troupeaux sont relativement syndiqué-es. Leur syndicat de l’Isère a déjà fait parlé de lui, localement pour des négociations agitées avec la FNSEA, ou sur le Salon de l’Agriculture.

« Un syndicat de gardien-nes de troupeau est en train de monter en puissance dans le Gard, en lien avec des gens qui travaillent dans l’Hérault. », nous informe Anne. « Les gardien-nes de troupeaux sont très mobiles, ces travailleurs-euses peuvent se déplacer jusque dans les Alpes pour les estives. Ils sont en train d’élaborer un cahier de revendications qui sera porté au niveau de la FNSEA. »« Ils ont de gros problèmes de logement, d’accès à l’eau potable. », développe Christophe. « C’est un métier très féminisé, les salaires sont bas malgré des qualifications qui ne sont pas mises en valeur, beaucoup ont fait des études vétérinaires pour soigner les bêtes, alors même que c’est un travail qui peut mobiliser H24. » En avril est déjà prévue une grande journée de mobilisation festive.

Petit.es et grand.es exploitant.es

Au début de l’année 2024, après plusieurs semaines de bouillonnement, éclate un spectaculaire mouvement des exploitant.es agricoles, d’une ampleur historique. Bien que mettant en branle des populations agricoles de toute condition sociale, le mouvement a pour racine et pour cœur les exploitant.es modestes, et se caractérise par une défiance marquée envers les syndicats d’agriculteurs-trices traditionnels. La FNSEA reprend la main, tout en étant contrainte à diverses contorsions. (Lire notre article à ce sujet ici)

Le revenu mensuel moyen était en 2021 de 1620 euros, avec de fortes disparités par filière et par territoire (765 euros en Ariège, 1117 dans l’Hérault.) Pour une moyenne de 54,3 heures par semaine. Comment concilier les revendications de la FNAF avec la réalité sociale d’agriculteurs-trices modestes qui ont aussi parfois recours au salariat ?

« Certains exploitant-es se plaignent de bas revenus, mais font passer beaucoup de leurs frais sur le compte de l’entreprise », rappelle Anne. Sur l’autre plateau de la balance, il faut rappeler que les droits ouverts par la cotisation auprès de la MSA sont souvent moins avantageux pour les exploitant-es qui ne peuvent pas épargner que pour les salarié-es. En témoigne par exemple le niveau indécent des retraites d’agriculteurs-trices.

« Très peu d’agriculteurs-trices ont été sur les blocages en janvier 2024 avec leurs employé-es, sauf quelques petits patrons avec un seul salarié », se souvient Anne. « Pendant qu’on faisait tourner les exploitations ils allaient sur les blocages, on a pas été convié-es. », ajoute Christophe. « Les gros qui pourraient facilement améliorer les conditions de travail ne le font pas. Certains domaines viticoles marchent bien. Et parfois c’est eux qui prennent beaucoup de retenues sur salaire pour des logements indécents. Les petit.es exploitant.e ne sont pas ceux qui posent le plus problème aux salarié.es. »

« Les petit.es exploitant.es sont plus écrasé.es par l’agro-industrie et les intermédiaires que par le coût du travail. D’ailleurs le travail crée toujours de la valeur », s’exprime Daniel. « Nous il faut qu’on arrive à tendre vers la réalisation de nos revendications. Pour ce qui est des petit.es exploitant.es qui ont de vraies difficultés, c’est à eux de revendiquer d’autres solutions que d’écraser le travail salarié »

« Les salarié-es du secteur sont très attaché-es à leur métier, et très soucieux-euses de la crise agricole », rappelle Anne. « Les campagnes d’arrachage de vignes inquiètent beaucoup par exemple. La Politique Agricole Commune (PAC) ne va pas, elle est faite pour les gros. Et eux sont à l’affût des difficultés des petit-es, pour reprendre leurs terres par exemple. » Les aides de la PAC, qui ont représenté d’après l’INRAE environ 80% des revenus d’agriculteurs-trices en France sur la période 2010-2018, sont proportionnelles à la superficie exploitée (avec la bénédiction de la FNSEA), au lieu d’être partagées entre exploitant.es. Conséquence : environ 80% de l’enveloppe est captée par 20% des agriculteurs-trices, de grands groupes de l’agro-alimentaire comme Lactalis peuvent toucher des millions d’euros, comme des propriétaires milliardaires exilé-es en Suisse.

Les relations entre la FNAF et la gauche paysanne (Confédération Paysanne, Modef) semblent légères. La FNAF n’est pas implantée dans les rares départements où la Chambre d’Agriculture est tenue par la gauche paysanne, puisque la Confédération Paysanne a perdu en 2019 la seule Chambre d’Agriculture qu’elle tenait en Métropole, celle du Puy de Dôme, acquise par une liste d’union avec la Coordination Rurale (la Confédération Paysanne est actuellement à la tête de la Chambre de Mayotte, et le Modef de celle de Guadeloupe, en partenariat avec les Jeunes Agriculteurs.) « Nous n’avons donc pas pu vérifier la différence pour les salarié-es. », souligne Anne. « Par ailleurs nous avons peu de liens, même si on participe parfois à des colloques autour de l’alimentation avec la Confédération Paysanne. »

« Pour sortir de l’invisibilité, il faut aller voter »

Les nouvelles élections de l’année 2025, qui se clôturent le 31 janvier à minuit, avec possibilité de voter en ligne, et concernent 1,5 miliions de salarié-es nationalement, pourraient rebattre les cartes. Deux collèges sont réservés aux salarié-es : celui de la production agricole à proprement parler, qui regroupe les ouvriers-ères agricoles, et celui des employé-es des groupements professionnels agricoles (MSA, coopératives, Crédit Agricoles etc..).

« La FNAF-CGT est première pour les salarié-es depuis 2019. Ce sont surtout les ouvriers-ères de la production agricole qui votent pour nous. », nous apprend Anne.Dans l’Hérault, 7532 électeurs-trices sont appelé-es aux urnes pour le collège de la production agricole, et 7527 pour celui des groupements professionnels agricoles. « Mais les trois quarts des travailleurs-euses saisonniers-ères n’ont pas le droit de vote pour ces élections, alors qu’ils et elles devraient selon notre syndicat. », s’insurge Anne.

Le taux de participation est particulièrement bas, avec 10,17% de participation pour le collège de la production agricole, et 18,88% pour celui des groupements professionnels agricoles« Les Chambres d’Agriculture sont sous la coupe des patron-nes, alors qu’elles devraient être un outil pour le bien-être de tous et toutes », analyse Anne. « Les salarié-es sont écoeuré-es du système et ne veulent pas y participer. », ajoute Christophe.

« Mais pour sortir de l’invisibilité, il faut aller voter », tient à dire Anne. La FNAF a mis en place une campagne volontariste, en multipliant les campagnes de communication et d’affichage, un mini-film de campagne, et en distribuant le journal syndical La Tribune.

La syndicaliste s’avoue inquiète de ces élections. « La FNSEA peut vraiment perdre du terrain, mais au profit de la Coordination Rurale, qui explose avec le ralliement de déçus des Jeunes Agriculteurs. Pour nous c’est assez préoccupant parce que la Coordination Rurale est devenue encore plus à droite que la FNSEA. » (Lire notre article sur la Coordination Rurale de l’Hérault par ici).

Si la FNAF est un contre-pouvoir tout à fait essentiel dans un secteur où la dictature patronale s’embarrasse peu de sauver les apparences, la fédération doit faire avec de lourdes casseroles. Elle est dirigée depuis plus de quarante ans par la famille Huck et son entourage, à tel point qu’elle est appelée « Petite Roumanie » dans le reste de la CGT, les Huck étant comparés aux Ceacescu (le dictateur à la tête de la République Socialiste de Roumanie de 1974 à 1989, particulièrement tyrannique et corrompu).

Sept responsables et ex-dirigeants de la FNAF ont été condamné-es le 31 octobre 2024 par la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny dans une affaire de détournements de fonds. Les peines les plus lourdes – douze mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité – ont été prononcées à l’encontre de Julien Huck, secrétaire général de cette organisation, et de son père Alfred, qui avait exercé la même fonction auparavant, durant plus de vingt années.